MASTERCHEF SAISONS 3....... SEMAINE 7

Comment avez-vous été amené à participer à « Masterchef » ?

On m’a contacté et on m’a demandé si je pouvais créer une recette inédite pour l’émission, qui a été enregistrée en mai dernier. J’avais la chance de pouvoir toucher une large audience, l’idée était donc de montrer ce que je fais dans ma cuisine tous les jours, en revisitant le terroir de façon moderne et créative. J’avais envie de montrer un petit coin d’Alsace. J’ai donc choisi un poisson d’eau douce – en l’occurrence, un omble chevalier – avec cuisses de grenouilles, écrevisses et quenelles de brochet, accompagnés d’une sauce au cresson et d’une émulsion de riesling. On m’avait demandé une recette impliquant une technique assez complexe.

Avez-vous trouvé les candidats à la hauteur ?

Il ne restait plus que neuf candidats en lice et cinq d’entre eux étaient devant moi pour cette « épreuve sous pression », qui consiste à recréer la recette que je leur montre. Techniquement, lever les filets du poisson est extrêmement difficile. Certains se sont bien débrouillés, on voit qu’ils ont une certaine dextérité, d’autres moins…

Le téléspectateur a souvent l’impression que les candidats font preuve d’une grande créativité : votre œil de connaisseur y voit-il surtout la répétition des œuvres des maîtres ?

Oui. Si on leur demandait, dès le premier jour, une grande créativité, on n’aurait aucun résultat. Mais au fil des semaines, ils découvrent énormément de recettes, de techniques, de détails, ils sont sans cesse dans le travail et la réflexion, ce qui les amène à créer plus facilement.

Des amateurs formés « sur le tas » peuvent-ils finir par rivaliser avec des pros, passés par les formations traditionnelles ?

Oui, j’en suis persuadé. Certains amateurs vont se donner beaucoup plus de peine que certains professionnels, ils vont être plus attentifs aux détails, essayer de comprendre, pour aller loin. Mais évidemment, il ne faut pas généraliser.

Connaissiez-vous « Masterchef » avant d’y participer, malgré le jour et l’heure de sa diffusion ?

Je connaissais l’émission, forcément, mais jusqu’à présent, je ne l’avais suivie que de temps à autre. Cette année, étant impliqué, je m’y intéresse davantage.

Quel regard portez-vous sur ce genre télévisuel ? Certains de vos confrères considèrent que ces amateurs très médiatisés volent la vedette aux professionnels…

Je pense que notre métier est très difficile et que ce genre d’émission permet au contraire de montrer à un très large public que pour arriver à un certain niveau, il faut non seulement de la passion, mais aussi énormément de travail. Ce qui explique aussi, à ceux qui n’ont pas l’habitude de venir dans nos établissements, que les prix pratiqués sont parfois justifiés…

Vous participez fréquemment à des manifestations du même genre dans la région : est-ce une manière de vous faire connaître du grand public ? De partager votre passion ?

Je ne fais pas ces concours pour me faire connaître, même si ça fait parler de moi. Ça me permet de montrer une petite partie de ma cuisine, de ma passion, que j’ai envie de transmettre. Je le fais avec des professionnels, notamment dans mon restaurant, et avec les amateurs.

J’organise à nouveau le concours de cuisine alsacienne contemporaine du prochain salon Festivitas (du 1 ^er au 3 février prochain à Mulhouse). Car c’est d’abord au sein de notre région qu’il faut défendre notre terroir, avant de vouloir aller le défendre autre part.

À ce propos, les Alsaciens – et surtout les Alsaciennes – sont bien représentés dans « Masterchef » : faut-il en déduire que l’amour de la gastronomie est ici mieux partagé qu’ailleurs ?

On a peut-être la chance que les Alsaciens s’intéressent davantage à la cuisine, en effet. Peut-être que le poids des traditions fait qu’ils se mettent davantage aux fourneaux qu’ailleurs. Je ne sais pas trop



j'ouvre le sujet de ce soir avec l'article paru dans la presse ce matin